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Département de Géographie

École normale supérieure

Les impacts du projet


Face à la crise, les acteurs impliqués dans le projet avancent un possible ralentissement des investissements et des réalisations, mais excluent l’échec du projet, préférant réfléchir sur le long terme. Il est probable en effet que le ralentissement actuel de l’économie n’annule pas les réalisations déjà engagées et ne fasse que retarder la finalisation du site de reconversion de Belval. Toutefois, les retards à prévoir pourraient avoir des conséquences financières non négligeables, à la fois pour l’Etat, qui voit reculer la rentabilisation de ses investissements, et pour les entreprises ayant déjà investi, qui devront attendre pour bénéficier d’une réelle dynamique.

En dépit d’un discours qui éloigne toute idée de concurrence avec la France sur le terrain de la fiscalité, il est probable que la dynamique transfrontalière jouera à plein si Belval se développe complètement, attirant entreprises et travailleurs frontaliers. En effet, si les responsables d’AGORA se défendent de chercher à attirer la main d’œuvre ou les entreprises françaises par une fiscalité attractive, les conditions offertes par le Luxembourg restent un puissant moteur pour l’installation des investisseurs et la venue des travailleurs. Il y a donc fort à parier que Belval attirera plus de travailleurs frontaliers que de résidents permanents, et que ce nouveau pôle ne favorisera guère l’économie déjà peu florissante du côté français de la zone frontalière, d’autant que la création d’un nouvel axe routier favorisera les déplacements


Les voies ferrées luxembourgeoises qui longent le site de Belval sont implantées le long de la frontière. Côté français le paysage agricole témoigne de l’absence de développement sidérurgique à cet endroit du territoire. Le projet d’autoroute transfrontalière devrait faciliter les communications et rompre cette coupure frontalière nette.
Crédit : E. Libourel

Au Luxembourg, Belval pourrait être une expérience intéressante en termes d’organisation du territoire. En effet, le but est de créer de l’emploi pour le sud du Luxembourg et non d’attirer les activités déjà présentes dans la capitale par une dynamique de déconcentration. Or la faible distance qui les sépare, la création d’un nouvel axe autoroutier de gabarit plus important et l’implantation de l’université à Belval sont autant de facteurs susceptibles de favoriser une déconcentration des activités de la capitale plus que la création d’un pôle autonome. Or dans ce cas, quartiers résidentiels et zone d’activités de Belval risquent de ne pas fonctionner ensemble, mais de s’inscrire dans une double logique de migrations pendulaires, servie par l’amélioration des infrastructures de transport.

Enfin, un développement déséquilibré des différentes composantes du complexe (industries, services, commerces, logements, université) est à craindre. Si les effets de la crise actuelle se prolongent, les quartiers d’habitation pourraient devenir une sorte de « banlieue dortoir » de Luxembourg, alliant qualité de vie et proximité. Si les services et les infrastructures ne suivent pas la demande de la population, il est en revanche à craindre que ces quartiers ne se développent pas à la hauteur de leurs ambitions. Inversement, la capacité d’emploi de la zone d’activités dépasse le nombre des habitants qui pourraient s’y installer, et il est possible que le pôle économique du site croisse rapidement, pour devenir un pôle périphérique fonctionnant en lien direct avec la capitale.

Ainsi, si Belval est encore aujourd’hui un projet en marche, il semble se structurer déjà autour du pôle de l’université et de quelques grandes entreprises qui ont investi dans le projet. Il est pour l’heure extrêmement malaisé de choisir parmi les scénarios possibles le plus probable, tant il est vrai que l’avenir de ce site dépend pour l’instant de la conjoncture économique et de la capacité des différents acteurs à faire face aux enjeux qui se posent à eux. Mais quel qu’il soit, le résultat atteint au terme du projet sera intéressant par l’écart plus ou moins grand qu’il révélera entre les ambitions initiales et les réalisations concrètes.

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