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Département de Géographie

École normale supérieure

Auteur : Béatrice Georgelin

D’autres villes portuaires d’activité ancienne sont confrontées comme Dunkerque au problème de la rénovation urbaine des espaces adjacents au port laissés en friche. En comparaison, voyons comment la ville de Trondheim (Norvège) a orchestré la réhabilitation de ses "héritages portuaires".


Réalisation Béatrice Georgelin.

Trondheim


Les quais de Nedre Elvehavn (n°3) © Béatrice Georgelin

Aujourd’hui troisième ville de Norvège, Trondheim est une ville de plus de mille ans d’histoire. Elle fut fondée en 997 par le roi viking Olav Tryggvason qui la nomma Nidaros, « la ville de l’estuaire ». Le site de Trondheim, celui de l’embouchure de la rivière Nidelva, et sa situation stratégique au cœur des Fjords, ont dès l’origine orienté la ville vers les activités portuaires. Après avoir assuré la fonction de comptoir pour le commerce du bois et des ressources de la mer ainsi que celle de port relais dans le système de cabotage prégnant sur toute la façade ouest de la Norvège , le port a connu une première mutation au XIXe siècle pour accueillir le trafic international de bateaux à vapeur ainsi que des infrastructures ferroviaires reliant la ville à Oslo, la capitale, dans le cadre de la mise en place d’un système national de transport. Les bancs de sable au large de la côte ont alors été à la base d’un grand projet d’aménagement qui a offert de nouvelles zones d’expansion pour le port et les chemins de fer.

Au XXe siècle, la ville de Trondheim connaît une forte expansion spatiale qui la pousse à s’étendre dans les terres. L’évolution du trafic maritime, en terme de tonnage et de gabarit des navires ainsi que les types d’activités industrialo-portuaires s’implantant (métallurgie, construction navale), conduit à délaisser l’avant port sur la Nidelva ( le Nedre Elvehavn), désormais sous dimensionné. Les bassins de ce port, ainsi que le chenal reliant la Nidelva au marché aux poissons, la Ravnkloa encore en activité aujourd’hui, ont été réaménagés en port de plaisance.

Un projet de rénovation urbaine


Le port de plaisance, avec en arrière plan Ravnkloa (n°2) © Béatrice Georgelin

Les espaces bordant ces bassins vont alors être réinvestis par la ville et réhabilités. Cette transition ayant eu lieu plus précocement à Trondheim qu’à Dunkerque, on peut aujourd’hui en apprécier les résultats directement sur place. C’est moins le processus de construction et de décision politique à l’origine de la réhabilitation des espaces qui sera présenté que les paysages urbains qui en sont nés.

Or le passé portuaire de Trondheim influe fortement aujourd’hui encore sur les paysages du centre et à la proximité des ports. Deux types de paysages en sont issus en lien avec les objectifs patrimoniaux et économiques qui y sont associés dans le cadre du développement de Trondheim.

D’une part, les entrepôts (Bryggene) ont été conservés le long de la Nidelva, entrepôts dont les plus anciens datent du 18e siècle et qui ont conservé leur « aspect caractéristique côté mer » , selon le guide distribué par l’office du tourisme. En effet, les bâtiments en bois colorés du long du fleuve ont un aspect pittoresque. Ils s’inscrivent très nettement dans la dynamique touristique et de conservation patrimoniale de Trondheim, des Vikings aux pécheurs du Trondelag. Mais ces entrepôts sont aujourd’hui détournés de leur fonction originelle, puisqu’ils n’assurent plus le stockage de poisson ni de bois et certains ont été transformés soit en restaurant, soit en magasins (magasins d’équipements pour la voile de plaisance, mais aussi de vêtements), voire en club discothèque.


Les entrepôts (n°1)© Béatrice Georgelin

D’autre part, on rencontre sur les quais du Nedre Elvehavn des bâtiments d’architecture volontairement moderne et qui abritent un centre commercial type mall américain, des hôtels de grand standing dimensionnés pour accueillir colloques, congrès et événements de grande envergure (Trondheim est une ville universitaire importante ans le domaine des technologies), des bureaux ainsi que l’allée des restaurants « branchés » du moment. Il y a également des logements. Cet espace de forte mixité fonctionnelle s’inscrit dans une double perspective : prolonger le centre-ville au delà de l’espace historiquement délimité par la Nidelva et faire de ce nouveau pôle de dynamisme la vitrine d’une ville moderne et en pleine expansion. Cette zone commerciale et technopolitaine semble être un succès, au moins au niveau de la quantité de population qu’elle draine. Elle est également un espace de transition efficace entre la zone industrialo-portuaire plus au Nord et le centre-ville avec ses commerces et ses touristes.

Ainsi, sur la photographie n°1, on peut voir au premier plan l’installation des pontons pour la plaisance, puis le quai proprement dit où le bâtiment rectangulaire de gauche abrite les bureaux de Deloitte, entreprise de services aux professionnels franco-japonaise, et à droite d’anciennes halles réaménagées en restaurants. En arrière-plan, on voit le sommet du bâtiment du centre commercial Solsiden (« une page de soleil » littéralement). On peut également noter la présence des grues au bord du quai, qui montrent à nouveau le souci de préserver le mobilier urbain historique et d’allier héritage, tourisme et dynamisme économique.

Le double objectif de Trondheim était de conserver un patrimoine portuaire (perspective historique de la ville en général) tout en ancrant toujours plus le dynamisme économique de la zone dans l’activité portuaire.

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