Singularité remarquable pour une ville française d’une telle importance, une frontière internationale traverse l’agglomération lilloise. Cette particularité ne manque pas d’avoir des répercussions sur la politique des transports de la métropole.
Malgré la continuité du bâti, les moyens de transports transfrontaliers ont été difficiles à mettre en place, pour des raisons plus administratives et juridiques que politiques. Mais les réseaux transfrontaliers de Lille sont désormais cités en exemple.
La coopération transfrontalière n’a pas attendu, sur le plan des transports, la création de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai en janvier 2008. Depuis une vingtaine d’années, les gestionnaires de transports collectifs travaillent à la mise en place de lignes transfrontalières minimisant la rupture fonctionnelle entre les deux parties de l’agglomération. L’offre en est aujourd’hui assez diversifiée, même si le trafic reste modeste, avec près de 3 400 voyageurs dans les deux sens.
Distinguons entre l’offre de trains et l’offre de bus en matière de transports transfrontaliers.
Deux lignes de train relient l’agglomération lilloise à la Belgique. L’une va de Lille à Courtrai et offre 16 allers-retours par jour dont 10 allers et 11 retours sont omnibus en France. Cette ligne est fréquentée à 80% par des scolaires. La seconde va de Lille à Tournai et propose 18allers et 20 retours par jour. 13 allers-retours sont omnibus en France. De nombreux trains sont même prolongés jusqu’à Liège. Les travailleurs transfrontaliers représentent un quart des usagers (1) .
L’offre de bus est constituée de 13 lignes qui traversent à des degrés divers (et selon des fréquences diverses également) la frontière. La plus célèbre d’entre elle est la ligne MWR (Mouscron-Wattrelos-Roubaix). Elle a d’abord relié Mouscron à Wattrelos en 1992, avant d’être prolongée jusqu’à Roubaix en 1995. Cette ligne est très fréquentée (1070 passagers par jour). Les autres lignes, qu’elles soient gérées par Transpole (Lille), TEC Hainault (Wallonie) ou De Lijn (Flandres), connaissent une fréquentation très réduite.
On comprend alors que l’offre de Transpole se focalise essentiellement sur la ligne MWR : un abonnement hebdomadaire pour les voyageurs transfrontaliers y a été spécialement créé.
Même si les moyens de transports transfrontaliers se diversifient, l’offre atteste d’une discontinuité persistante. L’effet frontière est donc encore sensible pour la métropole lilloise.
[Légende : Pas moins de 13 lignes de bus régulières sont situées à cheval sur la frontière franco-belge. A cette offre routière s’ajoute une offre de trains : deux lignes relient l’agglomération lilloise à la Belgique. Source : « Atlas de la coopération transfrontalière », DIACT, 2008 © MOT-AEBK 2002]
(1) MOT-DIACT (2008), Atlas de la coopération transfrontalière, Paris, Mission opérationnelle transfrontalière.